Mathieu, Stéphane et Rémi sont producteurs de lait à Gorze, Montois-la-Montagne et Saulny. Leur métier, ils l’aiment. Pourtant, il est difficile. Très difficile. De grosses journées, pas de week-end ni de vacances, des vaches à bichonner… Et la passion ne fait pas tout. Aujourd’hui, ils ne s’en sortent plus. « Depuis dix ans, les charges et les coûts de revient augmentent, et beaucoup abandonnent. Notre produit n’est pas assez valorisé. Nous voulons être rémunérés à notre juste valeur. »
Alors hier, Mathieu, Stéphane, Rémi et une trentaine de leurs collègues du secteur se sont retrouvés à l’hypermarché Auchan de Semécourt pour une action de communication. « Nous ne sommes pas là pour vandaliser. Nous sommes venus pour vous expliquer que nous sommes comme beaucoup d’entre vous : nous avons du mal à joindre les deux bouts. » Dans les hauts parleurs du magasin, pas de musique ni de publicité pour les promos du moment. Seulement la voix de Jean-Marc Brême, le président de la FDSEA de Moselle : « Aujourd’hui, les paysans sont pris à la gorge. Les industriels doivent prendre un peu moins de marge et un peu mieux nous payer. Nous demandons aussi un effort à la grande distribution, afin de privilégier le Made in France. Enfin, nous voulons rappeler aux consommateurs que ce sont les paysans qui produisent une nourriture variée et de qualité au quotidien. » Dans les r ayons des produits laitiers, les producteurs collent des étiquettes. Irène et Marie-Jeanne, venues faire leurs courses, discutent avec Rémi : « Bien sûr, on les soutient. On sait à quel point ils travaillent. »
L’action se termine par un don de trois chariots de bouteilles de lait offertes aux consommateurs et aux Restos du cœur. Éric Hassan, le directeur d’Auchan, a donné son accord. Tout comme il avait accepté de céder pour quelques minutes la sono du magasin : « Je suis très intéressé par les problèmes des paysans et je suis prêt à les aider. J’ai des idées. Nous pourrions organiser avec eux un mini-Salon de l’agriculture, et je veux bien vendre du lait en direct. Mais pour les marges, je ne peux rien faire : elles dépendent des industriels. »
Jean-Marc Brême, lui, n’a pas dit son dernier mot : « S’il le faut, nous reconduirons des actions et nous monterons en puissance. »
Source: le republicain Lorrain