Les producteurs de légumes entendent dénoncer les « marges excessives » pratiquées par la grande distribution.
Hier, 15 h : une
quinzaine de jeunes maraîchers nantais investit le rayon fruits et légumes du hard-discount Ed (1), à Sainte-Luce. Les prix et la qualité des produits sont épluchés sous le regard médusé des
clients et des huit salariés de l'enseigne. « Regardez ! Le poireau est à 1,69 € alors qu'on l'a vendu 0,45 € le kg,
lance Laurent Bergé, producteur de légumes à Basse-Goulaine. Et la courgette est à 1,29 € alors qu'elle était autour de 0,40 € à son
arrivée à la centrale d'achats... Aux producteurs les charges, aux distributeurs les
marges ! ».
Et de citer encore le prix du kilo de tomates, celui des concombres...
Des « marges
excessives »
Les jeunes maraîchers
nantais, rattachés à la Fédération des maraîchers nantais (160 entreprises adhérentes), ont entrepris de mener cette opération coup de poing pour dénoncer « les marges
excessives » réalisées par la grande distribution. « Les prix en magasin sont souvent exorbitants », déplore David Dubois, à la tête d'une
exploitation maraîchère de 40 ha à La Planche. « L'écart entre le prix payé au producteur et le prix de vente du produit est conséquent alors qu'il y a moins
d'intermédiaires. Nous réclamons plus d'équité sur l'étiquette. Car pendant ce temps-là, nos trésoreries sont exsangues. J'ai fait le calcul : mon exploitation de 18 personnes
(saisonniers inclus) perd en moyenne 30 000 € de chiffre d'affaires par semaine par rapport à juillet 2008 ».
Comme un péage d'autoroute
Pour Laurent Bergé, qui dirige deux exploitations employant 47 personnes, la grande distribution s'apparente à un péage d'autoroute : « Le producteur paye à l'entrée et le consommateur paye à la sortie ! ». Et de fustiger « l'effet entonnoir » provoqué par « la multitude de producteurs obligés de traiter obligatoirement avec quelques centrales d'achats ». Les jeunes maraîchers nantais (30 adhérents) déplorent, en parallèle, la concurrence exercée par d'autres pays, qui « cassent les volumes français ».
Hier après-midi, à Sainte-Luce, ils ont symboliquement vidé un rayon en remplissant au passage des palettes, pour stigmatiser « la mauvaise qualité de certains produits ». Pour eux, « il n'est pas question de périr sans réagir ». Et de promettre au passage d'autres actions d'éclat si d'aventure le message n'était pas entendu. « On ne cible pas spécialement le magasin Ed de Sainte-Luce, souligne Laurent Bergé. Nous aurions très bien pu aller ailleurs. Et rien ne dit qu'on ne le fera pas dans les semaines à venir... ».
« Surpris »
En attendant, cette intrusion à peine interrompue peu avant 16 h par l'arrivée des gendarmes a provoqué un certain émoi chez Ed.
« Ils sont entrés brutalement sans se présenter, regrette Sonia Delaporte, une responsable commerciale du magasin. Nous avons eu peur. Curieusement, ils ont choisi notre enseigne, pas une autre... C'est peut-être plus facile de venir chez nous qu'ailleurs ».
(1) Ed appartient au groupe Carrefour
Source: presse.océan
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